L’HISTOIRE DE WILLIE MORRIS « FLUKEY » STOKES, L’UN DES PLUS GROS BANDIT DU 20ÈME SIÈCLE!

Willie Morris « Flukey » Stokes (Flukey peut se traduire par chanceux) était un des bandit Afro-américain les plus couronnés de succès dans l’histoire Américaine. Une figure de la « Windy City » (surnom de Chicago), il s’est fait connaître de la police pour la première fois dans les années 50, comme un simple dealer. Puis il est devenu, durant la fin des années 70, un vrai baron de la drogue, dominant tout le trafic dans le Sud de la ville. Sa vie fut marquée par le meurtre de son fils, « Willie the Wimp » (Willie la Mauviette) en 1984, dont l’enterrement fut le sujet d’une chanson du célèbre guitariste Stevie Ray Vaughn. Stokes est mort au tout début de l’ère du crack et, c’était en beaucoup de points, un des derniers pionniers de sa génération. À l’époque de Flukey, l’époque de la cocaïne et de l’héroïne, vendre de la drogue était un business très dangereux car contrôlé par de grands groupes qui se battaient pour garder leur part du gâteau. Plus tard, après l’arrivée du crack, le nombre de jeunes dealers indépendants a explosé et il était assez facile de rentrer dans le commerce.

Willie « Flukey » Stokes
Flukey Stokes, le trafiquant qui valait 50M de dollars.

En Février 1984, « Willie the Wimp« , le fils de Flukey, fut assassiné dans un hôtel du sud de Chicago, le même hôtel où Stokes avait fêté son 30ème anniversaire de mariage. Willie Jr. Avait fait fortune grâce aux paris et aux jeux d’argent.
Pour son enterrement, Willie Junior avait un cercueil sur-mesure qui avait coûté 10.000 dollars représentant une Cadillac. Il avait les mains sur le volant et des billets de 100 dans les poches. Les phares du cercueil étaient fonctionnels, des pièces originales d’une Cadillac et une plaque marquée « Wimp ».

Enterrement de Willie « The Wimp« .
Enterrement de Willie « The Wimp« .

Pour ce qui est de la mort de Flukey lui même, cela se passe en 1986, lors d’une une nuit froide et pluvieuse de Novembre dans le sud de Chicago. Après être allé au cinéma voir « Dangereuse sous tous rapports« , le trafiquant Willie « Flukey«  Stokes et sa copine s’arrêtent pour acheter du popcorn dans une épicerie au croisement entre 79th Street et Calumet Avenue.

« Il vient souvent faire ses courses ici. Mes employés m’ont dit qu’il est venu hier, un peu après minuit, » a confié Denny Wheaton, la patronne du magasin. « Deux voitures sont arrivées en même temps. Stokes était avec son chauffeur (qui faisait office de second garde du corps) et sa femme dans la première, tandis que son garde du corps était dans la deuxième. Pendant que Willie attendait patiemment dans la voiture, ses deux hommes de main ont fait le tour du magasin, puis, Stokes est sorti avec sa femme pour acheter une bouteille d’eau et du popcorn. »
Après avoir quitté le magasin, les quatre personnes sont rentrés à la maison. Mais tout ne va pas se passer comme prévu. À l’arrivée de la Cadillac de Stokes devant la maison de sa copine, deux hommes en embuscade sont sortis des buissons et ont tous deux vidés leurs chargeurs dans le corps de Willie et de son chauffeur. La femme ne fut pas touchée.
« Les deux tireurs attendaient, de chaque côté de la route, accroupis dans des buissons entre deux voitures garées » a dit Joseph Curtin, Capitaine de police. « Quand la Cadillac s’est arrêtée, ils sont sortis et ont tiré, sans même que Stokes ait eu le temps de cligner des yeux« .
Alors que les deux hommes s’enfuyaient vers le sud de 80th Street, un troisième homme les attendait dans une camionnette grise. Earl Wilson, le garde du corps qui suivait la limousine de Stokes, a sauté de sa Cadillac blanche de 1985 et a fait feu sur les fuyards avec son .357 Magnum. La police n’a pas trouvé le sang des tireurs, sûrement à cause de la forte pluie.

La scène de crime.
Earl Wilson

Quand la police est arrivée sur les lieux, elles ont vu que Willie avait son portable toujours en main. Ils ont ensuite compris que c’était le téléphone fixe sans fil de la maison.
Des témoins ont ensuite raconté que pour rentrer chez lui, Stokes avait pris l’habitude de se garer devant et d’appeler le répondeur de la maison. « Il disait le plus souvent ‘Je suis devant’ et quelqu’un ouvrait la porte afin qu’il puisse courir sans perdre de temps depuis sa voiture« .

Stokes se démarquait des autres dealers grâce à son style tape-à-l’œil et classe. Ses bagues incrustées de pierres précieuses, ses gros bracelets en or, ses montres en diamants et surtout, son énorme chaîne en or à laquelle pendait un « F » en diamants.
Flukey n’était pourtant pas habillé comme ça le soir de sa mort, la médecin légiste a dit que Stokes est arrivé à la morgue en « pantalon de survêtement bleu, un t-shirt « Michigan », une veste en cuir rouge et une casquette noire« .

Comme beaucoup de dealers Afro-américains de son époque, Flukey cultivait une image de « Robin des Bois« . Les gens disaient qu’il relogeait les familles sinistrées par un incendie ou payait les retards de loyer des plus pauvres. Après sa mort, les t-shirts « Flukey » se sont vendus comme des petits pains.
Richard M. Daley, fils du maire de Chicago Richard Daley (et futur maire lui aussi), dit: « Stokes fut un dealer de drogues pendant de longues années et il a détruit beaucoup de vies. Ce n’est pas parce qu’il conduit des grosses voitures et porte des vêtements amusants que c’est un héros populaire« .

Depuis qu’il avait commandité un assassinat raté contre l’un de ses rivaux, Flukey prenait toutes les précautions. Le rival n’est autre que Edward Bey, un des leader des Black P. Stones qui, d’après l’officier O’Neill de la brigade anti-gangs du Sud de Chicago, « avait juré de se venger de Flukey et de sa tentative d’assassinat ratée« 
C’est comme ça qu’un des baron de la drogue les plus puissant de l’histoire de Chicago est décédé.

À sa mort, les agents fédéraux enquêtaient sur lui depuis déjà deux ans. Un agent, qui souhaite rester anonyme, a même raconté que quelques mois plus tard, ils auraient récolté assez d’éléments pour l’incriminer dans une affaire de racket, d’infraction à la loi sur l’impôt (car il touchait bien plus que ce qu’il déclarait) et de gérance d’une entreprise criminelle.
« Il encourait une peine de prison a vie« , a-t-il confié.

Flukey Stokes

Les fédéraux ont annoncé que Stokes gérait ente 20 et 40 planques, où il vendait de la cocaïne et de l’héroïne 24h/24 et 7j/7. Chaque maison rapportait entre 20.000 et 60.000 dollars par semaine. De plus, il employait 200 personnes à plein temps.
James Allen, un tueur à gages assumé qui a travaillé pour Flukey, a avoué qu’un jour, alors qu’il était chez Stokes « voir 24.000 pochons de 10 dollars de drogue« .

James Allen

Stokes appréciait particulièrement Las Vegas, où ses diamants et ses habits colorés faisaient de lui « quelqu’un que tout le monde remarquait« , d’après Al Luciani, président de l’hôtel du Golden Nugget, un des plus apprécié de Flukey.
« Il était entouré d’une foule de personnes, et leur donnait des billets de 100 dollars, persuadé que ça lui portait chance, » dit Joseph Ettinger, l’avocat de Stokes pendant plus de 20 ans. Comptes des casinos à l’appui, on peut voir que ça ne le gênait pas de dépenser 1 million en quelques semaines. Peu de temps avant sa mort, la police l’a contrôlé à Vegas et ont saisi des documents confidentiels où étaient mentionnés le nom des suspects du meurtre de son fils.

Après son acquittement dans l’affaire Ciralsky, un journaliste lui a demandé s’il était coupable des crimes dont on l’accusait. « Pourquoi ? J’en ai l’air? » a répondu sèchement Stokes en sortant du tribunal.

Ceux qui ont côtoyé Stokes s’accordent à dire que « c’était un gentleman. Même si c’est difficile à croire au vu de sa réputation, au fond c’était un bon gars« .
Quand Flukey et sa femme ont dépensé plus de 200.000 dollars pour fêter leur 30ème anniversaire de mariage, ils ont donné des billets de 100 dollars à tous les invités.

Flukey et sa femme le soir de leur 30ème anniversaire de mariage.

Stokes avait l’habitude de distribuer des grosses liasses aux personnes dans le besoin de la 47th Street. Le comble est que cet argent servait souvent à acheter de la drogue, et donc, à faire tourner son business.
James Allen a raconté une anecdote: un jour, alors qu’il roulait avec lui dans les quartiers Sud, Stokes a aperçu une famille qui était mise à la porte car elle ne pouvait plus payer le loyer. Flukey s’est alors arrêté, est sorti et a sorti une liasse assez grosse pour éponger leur retard de loyer et pour payer le loyer de l’année d’après.

« Flukey a toujours gardé la même philosophie » selon Allen. « Les méchants seront là dans tous les cas, que cela soit avec ou sans lui, il voulait alors en tirer le plus profit… Mais il ne voulait surtout pas être corrompu et souhaitait rester pur« .

La réputation de Flukey auprès des force de l’ordre est bien différente:

« Un vampire« , c’est comme ça qu’un enquêteur qui travaillait sur son meurtre le surnommait. « À part un vampire, qui est-ce qui reste éveillé toute la nuit et qui dort le jour? C’était Willie Stokes« .
Les policiers l’appelaient aussi « Super Dude« , mais Stokes préférait le surnom de « Flukey« .

Au moment de sa mort, Stokes gagnait 1 million de dollars par semaine et commençait à investir dans des business légaux. Il produisait un groupe de jazz et s’apprêtait à finir le premier album dans lequel il avait investi. Il négociait aussi pour s’offrir un studio d’enregistrement dans le centre-ville de Chicago. De plus, il venait d’acquérir le contrat d’un boxeur.
Le dealer était propriétaire de 3 Cadillacs de 1986 avec trois plaques différentes: Flukey 1, Flukey 2 et Flukey 3. Mais, quand il s’est fait tuer, il était dans la limousine de son associé William « Big Bill » Hill, le lieutenant de Stoke qui vendait le plus d’héroïne et de cocaïne. Il gagnait environ 100.000 dollars par semaine.

Modèle de voiture que possédait Stokes.

Bill Hill fut convoqué au tribunal moins de 12h après pour un réseau de trafic de drogue, démantelé après un raid de la police dans un motel, qui faisait office de quartier général à la bande de Stokes. Le jugement fut reporté d’un jour car il fut entendu dans l’affaire du meurtre de Flukey. « Tu as été un bon escroc toute ta vie, un artiste de l’argent facile, mais c’est ton heure maintenant. Au revoir Big Bill » lui avait dit le juge après lui avoir annoncé qu’il était condamné à 20 ans de prison.

Tout le monde pensait que l’événement déclencheur de la mort de Flukey avait eu lieu en Septembre, quand Flukey avait commandité et tenté de faire assassiner Charles Hightower et Charles Edward Bey, des Black P. Stones (Bey était le bras droit de Jeff Fort et leader des « Terror Town Stones »). « C’était clairement une tentative d’assassinat » annonça sereinement le Sergent Calvin Giles.

Depuis 1984, Bey et Hightower essayaient de développer leur emprise sur le trafic de drogue dans le Sud de Chicago.

Un policier confia: « C’est une affaire de drogue, il n’y a pas de doutes. Flukey ne supportait pas Bey et Hightower, il a fait savoir à plusieurs tueurs à gages qu’il offrait 50 000 dollars pour leurs têtes« . Il a aussi dit que Stokes a reçu plusieurs menaces de mort après cette tentative de meurtre. Après la mort de Stokes, la police a perquisitionné le domicile de Charles McFarrin, un ancien associé de Stokes qui était maintenant avec Bey. Les enquêteurs y ont trouvé un pistolet mitrailleur 9-millimètre équipé d’un silencieux, trois autres armes et 46.000 dollars dans une mallette. McFarrin fut condamné pour possession illégale d’une arme à feu.
Le prochain raid fut à la planque de McFarrin, à Calumet City, en périphérie de Chicago. Les policiers ont saisi de la cocaïne (pour une valeur de 167.000 dollars) et le même pistolet mitrailleur que dans la première maison. Les occupants de la planque, Pedro Rodriguez, 51 ans, et ses deux enfants George, 25 ans, et John, 22 ans, étaient originaires de Huntington Park en Californie.

Charles McFarrin

Stokes, McFarrin et quelques autres dealers ont eu une sorte de réunion avec Rodriquez. Rodriguez, au terme de cette réunion, avait pris la décision de travailler avec Flukey, plus qu’avec les autres. Sachant à quel point Rodriguez était un gros fournisseur de cocaïne et d’héroïne, cette nouvelle a provoqué un séisme chez les concurrents de Stokes. Sa mort arrangeait alors Bey, Highsmith et McFa

rrrin qui pourraient enfin développer leur business en paix.

Le premier suspect du meurtre de Stokes, Charles Edward Bey était un membre des Rukns depuis la moitié du 20ème siècle. Bey était un des fondateur des Black P. Stones dans les années 60, aux côtés de Jeff Fort (clique ici pour lire l’article sur les BPS).
En 1971, Bey et six autres membres des Black P. Stones furent acquittés dans l’affaire du meurtre de James Alfano, détective de la cellule de surveillance des gangs, qui s’était fait tuer par un sniper en 1970. Après cet acquittement, il y a eu, pendant des mois, énormément d’embuscades et de tirs de snipers contre des policiers. De plus, Cesarei Marsh, membre des BPS et témoin clé dans l’affaire d’Alfano, fut tué en Mars 1971. Bey fut finalement acquitté dans l’affaire du meurtre de Willie Stokes.

L’implication de Stokes dans le trafic de drogue date de la fin des années 50 et, en 1978, il était sur les radars de la police en tant que plus gros dealer de la ville.

Le 10 Novembre 1986, plus de 300 personnes lui rendirent hommage pour ses « services remarquables pour la communauté« .

Willie « Flukey » Stokes, au milieu.
Willie « Flukey » Stokes, au milieu.

Mais, il y eut un dernier rebondissement dans cette affaire. Alors que personne ne s’y attendait et croyait toujours à un coup monté des Black P. Stones, l’ancien garde du corps de Flukey fut jugé coupable le 10 Décembre 1987. Earl Wilson, 35 ans, fut condamné pour le meurtre de Stokes, 49 ans, et de son chauffeur de 28 ans, Ronald Johnson.

Les procureurs, Patrick O’Brien et Lynne Kawamoto, ont annoncé que Wilson avait piégé son patron afin d’aider Eliott Taylor, un autre dealer de drogue. « Les victimes n’ont eu aucune chance, à la seconde où ils sont arrivés, ils se sont pris des balles de pistolet mitrailleur et de canon scié.« 
Ils ont ensuite ajouté que Wilson « aurait été l’homme qui permettait à Eliott Taylor de devenir le roi du trafic dans le sud de la ville« . Les juges ont ensuite délibéré pendant 9 heures. Mais cela était perdu d’avances pour Earl car les juges avaient en leur possession des enregistrements téléphoniques prouvant qu’il discutait avec Taylor depuis sa voiture, avant et pendant le meurtre.

Wilson a ensuite rédigé un aveu de 23 pages, précisant qu’il rendait compte des déplacements de Stokes pour que les hommes d’Eliott sachent où le trouver.

Les deux hommes « n’ont même pas eu le temps de tourner la tête… Comment cela pouvait être si bien calculé? Et bien mesdames et messieurs, c’était à cause de notre suspect, Earl Wilson » dit Lynne Kawamoto.

Bizarrement, même si les procureurs ont dit que Wilson avait aidé les autres dealers à récupérer le marché de Stokes, ni Taylor, ni aucun autre des vendeurs ne furent condamnés. Patrick O’Brien n’a pas voulu expliquer si Eliott était le lien entre Earl et les autres dealers qui voulaient la mort de Flukey.

Dans son aveu, Wilson dit qu’il voulait voler Stokes et non le tuer. Son avocat, Leo Fox a donc argumenté sur le fait que sa déclaration était fausse car « il n’y a pas de doutes, ce n’était pas du tout un vol… C’était une exécution« .

Leo et Robert Edward, ses avocats, ont aussi exposé le fait que Wilson n’aurait pas commis le crime s’il avait été payé seulement 800 dollars, comme mentionné dans sa déposition.
Wilson était payé 300 dollars par semaine par Stokes et gagnait 250 dollars de plus grâce à son rôle d’informateur auprès du bureau du procureur de l’Illinois. Donc tuer pour 800 dollars serait « ridicule« .

Patrick O’Brien contre-attaqua en disant que Wilson avait bien plus à gagner que les 800 dollars du meurtre, en effet, il allait prendre part à un trafic de drogue rapportant plusieurs millions de dollars. D’après O’Brien, Wilson a minimisé les faits dans son aveu afin de ne pas être condamné pour meurtre mais pour vol à main armée.

Wilson a ensuite raconté à la juge qu’il n’avait rien à voir avec ce crime et qu’il avait avoué sous la pression de la police. Il a dit qu’ils lui ont montré des photos d’enfants morts et lui ont dit que c’est ce qui allait arrivait à sa famille si l’organisation de Stokes savait qu’il donnait des informations à la police et qu’il était suspecté du meurtre.

Ils ont dit « On ne va pas te condamner. T’es un bon gars. Tu travailles déjà avec le bureau du procureur de toute façon »
Après son déposition, il fut déclaré coupable.

Dans son aveu, Earl Wilson a avoué rester en contact avec Taylor grâce au téléphone embarqué dans sa voiture, pendant qu’il suivait Stokes jusqu’à l’intersection entre 79th Street et Ellis Avenue.

Ensuite, la police a pu confirmer cette information grâce à l’appel anonyme disant qu’il avait entendu la conversation sur sa radio. En effet les conversations téléphones utilisaient des ondes radio qui peuvent être captées par certains appareils.
Le témoin a confié à Philip Cline, policier mobilisé sur l’affaire, qu’un des deux hommes décrivait le trajet à l’autre et qu’il a entendu « Dit aux gars de ne pas s’enfuir » et « t’as intérêt à prendre un garde du corps après ça« .
D’après lui, le témoin habitait à Hyde Park mais n’a pas voulu préciser son nom et n’a jamais été identifié. Robert Edwards pense qu’il était relié aux forces de l’ordre, voire un policier en repos.

Il fut finalement condamné pour double meurtre le 7 Janvier 1981 et il purge toujours sa peine de prison à vie incompressible.

Mugshot le plus récent d’Earl Wilson.


Écriture par Quentin LIrishRugbyman.

AUTEUR

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